Aller au contenu
Hans Bouwens alias George Baker

«C’étaient les meilleurs débuts que l’on puisse espérer en tant qu’auteur-compositeur»

«C’étaient les meilleurs débuts que l’on puisse espérer en tant qu’auteur-compositeur»
George Baker, alias Hans Bouwens, 2018.
Photo: Rene Laros
Texte de Markus Ganz, contributeur invité
Hans Bouwens, membre de SUISA, a créé des tubes internationaux. Pourtant, il n’est que peu connu. Entretien avec l’auteur-compositeur-interprète hollandais à l’occasion de son 80ème anniversaire le 8 décembre: toutes nos félicitations!

La première chanson créée par Johannes «Hans» Bouwens en 1969 avec Jan Visser est devenue un succès mondial. Mais qui est Hans Bouwens? Il est plus connu sous le nom de George Baker. Ça ne vous dit toujours rien? Dans ce cas, écouter peut-être cette chanson: «Little Green Bag». Ah, ça y est! Ce morceau est intemporel. Même les jeunes le connaissent depuis que le réalisateur Quentin Tarantino l’a utilisé au début de son film «Reservoir Dogs» (1992).

Changement d’ère musicale

Maintenant que nous avons éveillé votre intérêt, passons aux choses sérieuses: comment Hans Bouwens en est-il venu à la musique et pourquoi est-il soudain devenu George Baker, un homme qui a rapidement atteint un public international avec d’innombrables chansons? Au téléphone, Hans Bouwens, né en 1944, commence par un simple «alors…», avant de raconter d’un ton calme et humble: «J’avais environ 13 ans. Et puis j’ai découvert Elvis. Je me suis dit que c’était ça que je voulais faire. Mais je ne savais pas jouer de la guitare. J’ai donc emprunté une vieille guitare à un voisin et j’ai appris à jouer tout seul».

Puis Hans Bouwens s’est aussi mis à chanter: «C’étaient mes débuts en tant que musicien». Mais ce n’était pas seulement la façon de chanter d’Elvis Presley qui l’a fasciné et influencé; il y avait aussi sa manière de bouger et, bien sûr, l’effet que produisait sa musique. «Le rock’n’roll était révolutionnaire à l’époque» – et visiblement contagieux. Dès l’âge de 15 ans, Hans Bouwens a fondé le premier d’une série de groupes qui interprètent des classiques du rock’n’roll composés par de grands noms comme Elvis, Little Richard ou Jerry Lee Lewis.

Mais les groupes hollandais de cette époque faisaient face à un obstacle de taille: les stations de radio classiques ne diffusaient pas ce genre de musique. «Seule la chaîne pirate Veronica, installée sur un bateau en mer du Nord, diffusait ce genre de musique, y compris de nouveaux groupes et des groupes hollandais. Cela a été une grande opportunité pour nous». En 1967, Hans Bouwens a rejoint le groupe Soul Invention, qui reprenait des chansons de stars comme Otis Redding et Sam & Dave, «parfois sept jours par semaine».

Quand un lick devient un hit

Sa carrière s’est envolée en 1969, lorsqu’une maison de disques propose à Soul Invention d’enregistrer trois chansons en studio. Hans Bouwens s’en souvient encore. «Un soir, nous nous sommes assis ensemble pendant une répétition et nous avons improvisé. La base était un lick que notre bassiste Jan Visser n’avait pas arrêté de jouer pendant des jours. Au bout de deux heures, nous avions composé ‹Little Green Bag›, ma première chanson, que j’ai écrite avec Jan Visser. À ma grande surprise, c’est devenu un succès mondial. C’étaient les meilleurs débuts que l’on puisse espérer en tant qu’auteur-compositeur». Il raconte dans une autre interview que les paroles de la chanson lui sont venues toutes seules. Le producteur Richard de Bois a ensuite repris le morceau et l’a peaufiné. Lorsqu’il a entendu la chanson pour la première fois à la radio, il travaillait encore dans une usine de limonade.

«Little Green Bag» était très prometteuse, mais n’avait plus grand-chose à voir avec la soul classique. Un changement de nom s’imposait. En tant que chanteur du groupe, Hans Bouwens était au centre de l’attention. Il a donc pris le nom de George Baker et le groupe a été rebaptisé George Baker Selection. Sur Internet, l’histoire raconte que le nom de George Baker serait inspiré de l’acteur anglais du même nom qui a incarné différents personnages dans deux films de James Bond. Hans Bouwens corrige la rumeur: «Cet acteur existe, mais j’ai trouvé ce nom dans un roman policier bon marché et je me suis dit que ça sonnait bien».

Bandfoto einer Gruppe von Musikern mit George Baker, posierend bei einer Hafenmauer, im Hintergrund Windmühlen.
Un son international venu tout droit des Pays-Bas: George Baker Selection, 1971. (Photo: GB Productions)

Ce qui est surprenant, c’est que «Little Green Bag» et d’autres chansons de George Baker Selection sont devenues des tubes même aux États-Unis, un exploit pour un groupe d’Europe continentale. Mais Hans Bouwens ne trouve pas que ces chansons aient un «son américain», «même si la plupart des gens croyaient que nous venions des États-Unis». À l’époque, «Little Green Bag» sonnait tout simplement différemment de la plupart des autres morceaux, notamment parce qu’une partie avait été enregistrée dans une cave et qu’elle avait donc une résonance particulière. De nombreuses reprises de «Little Green Bag» sont sorties depuis, mais Hans Bouwens est particulièrement fier de celles de Tom Jones, son deuxième chanteur préféré, après Elvis.

Compositions personnelles

Avec le succès, la pression s’est accrue pour créer plus de compositions originales pour les disques et les concerts. Hans Bouwens a commencé à composer «une foule de chansons»: à ce jour, on estime qu’il y en a plus de 600. Cette prolixité serait également due au fait que «la première année après ‹Little Green Bag›, nous n’avons pratiquement pas gagné d’argent parce que nous avions de mauvais contrats. À partir de la deuxième année, notre situation économique s’est fortement améliorée, notamment parce que George Baker Selection se produisait souvent quatre à cinq fois par semaine».

«J’écrivais mes chansons entre tous ces concerts. C’était très dur pour moi, car je rentrais toujours très tard à la maison après les concerts et je me levais à 10 heures du matin. Je prenais mon petit déjeuner et je commençais à écrire des chansons. Vers 16 heures, il fallait repartir pour donner un nouveau concert». Il n’a tout simplement pas eu le temps de mener la vie déjantée d’une star du rock’n’roll, avoue-t-il en riant.

La colombe blanche

En 1975, Hans Bouwen réalise son plus gros coup avec «Paloma Blanca». «À l’époque, j’avais un petit studio. Un jour, j’ai pris une flûte à bec et j’ai commencé à jouer, bien que je ne sache pas bien jouer de cet instrument. Et tout à coup, c’est comme si j’avais rêvé de ‹Paloma Blanca›, j’ai entendu l’intro et la mélodie». L’idée du titre lui est venue bien avant d’écrire la chanson: «Je l’ai lu sur un panneau d’affichage en Espagne». C’est comme ça que tout s’est fait. Il a enregistré une démo de la chanson, sur laquelle il jouait aussi de la guitare et de la basse, en suggérant la batterie. Mais la particularité de ce morceau tient au fait que bien qu’il soit chanteur, il l’a d’abord considéré comme une pièce instrumentale. «Mais tout le monde autour de moi m’a dit: ‹C’est un si beau morceau, il faudrait que tu le chantes!›».

George Baker ganz in weiss gekleidet streckt einen Arm aus, auf dem Zeigefinger seiner Hand sitzt eine weisse Taube.
George Baker avec une colombe blanche, 1975. (Photo: Chris van de Vooren, Gentle Look, Almere)

Hans Bouwens finit par se laisser convaincre et commence à écrire des paroles. «On pourrait croire que le reste s’est fait tout seul. En réalité, notre maison de disques de l’époque n’a pas voulu sortir la chanson parce qu’ils trouvaient qu’elle ne valait rien. Mais le manager musical allemand Siegfried ‹Siggi› Loch a dit au bout d’une minute et demie d’écoute: ‹Ça va faire un tabac en Allemagne.› Il avait raison. C’est en Allemagne que ‹Paloma Blanca› a commencé sa percée mondiale».

Les raisons du succès

Comment Hans Bouwens explique-t-il ce succès? «Je pense que c’est à la fois le texte et la musique. Il y a une introduction inhabituellement longue avec deux modulations. Mais je pense aussi que le son et l’arrangement ont contribué à son caractère particulier, car au milieu des années 1970, les chansons avaient un son différent». Dans les années 1990, «Paloma Blanca» et «Little Green Bag» sont redevenus des tubes grâce à d’innombrables reprises, à leur utilisation dans des spots publicitaires et à l’ascension de Quentin Tarantino, dont le premier film au cinéma a permis de redécouvrir cette chanson en introduction.

Outre ces deux tubes, y a-t-il une chanson dont Hans Bouwens soit particulièrement fier? «Oui, j’adore ‹(Fly Away) Little Paraquayo›, qui raconte la vieille histoire d’un Indien d’Amérique du Sud devenu esclave et qui est ensuite libéré». Ce n’est pas un hasard si beaucoup de ses chansons ont une influence espagnole ou sud-américaine, que ce soit dans les textes ou dans la musique. «Je ne fais qu’un avec la culture sud-américaine. J’ai lu beaucoup de livres sur l’histoire de l’Amérique du Sud, et j’adore leur musique, surtout la musique paraguayenne et mexicaine. J’en écoute d’ailleurs toujours beaucoup».

L’importance des droits d’auteur

Hans Bouwens souligne l’importance des droits d’auteur. «C’est très, très important, car cela me dédommage pour l’utilisation de mes compositions et de mes textes. Quand j’ai commencé comme musicien, je n’y connaissais rien. Heureusement, plus tard, un manager d’une maison de disques m’a expliqué de quoi il s’agissait, car à l’époque, il n’y avait pas d’Internet ou de ressource de ce genre où l’on aurait pu s’informer facilement». À partir de 1970, il s’intéresse aux lois sur les droits d’auteur et fait inscrire ses chansons, tout en engageant un avocat pour les affaires complexes.

C’est à cette époque qu’il rejoint SUISA. «J’ai eu un conflit de droits d’auteur et j’ai déménagé en Espagne. C’est pourquoi j’ai pensé que je ferais mieux de changer de société de droits d’auteur. J’avais lu quelque part un avis positif sur SUISA. Et aujourd’hui encore, je reste convaincu qu’il vaut mieux faire appel à une petite société parce que l’on y est mieux considéré par le personnel. C’est ainsi que je suis devenu membre de SUISA». Il l’est encore aujourd’hui, et pas seulement parce qu’il est satisfait du travail accompli: «Je me sens bien chez SUISA, même si cela fait longtemps que je suis retourné vivre aux Pays-Bas».

Il estime également que SUISA s’est, dans la mesure du possible, bien adaptée à la nouvelle situation avec les plateformes numériques de streaming. «Les revenus générés par le streaming sont toutefois très faibles. Je pense qu’il faut que cela change». Il ajoute qu’il est un vieil homme qui se souvient encore du temps où l’on pouvait générer des revenus beaucoup plus élevés avec les ventes de CD et de vinyles.

www.georgebaker.com Site Internet officiel

Laisser un commentaire

Tous les commentaires sont vérifiés. Il peut s’écouler un certain laps de temps avant publication. Il n’existe aucun droit à la publication d’un commentaire. La rédaction se réserve le droit de ne pas publier un commentaire qui ne respecte pas les conditions d’utilisation.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.