La quatrième édition de l’événement musical Classical:NEXT s’est tenue à Rotterdam du 20 au 23 mai 2015. Depuis maintenant trois ans, la Suisse y est présente avec son stand commun porté par la FONDATION SUISA. Et, tout comme la Classical:NEXT avec ses 1000 participants, la musique «made in Switzerland» peut elle aussi se féliciter d’un nouveau petit record en 2015: 20 ensembles, labels, organisateurs, associations et fondations sont venus de tout le pays pour converger vers Doelen, du festival de Lucerne DC Audio Engineering, en passant par la fondation J. S. Bach de Saint-Gall et les Madrigalisten de Bâle.
Fourmillement sur le stand suisse
Il vaut toujours la peine de parcourir la longue route qui sépare désormais l’événement de la Suisse. Et les participants du stand le prouvent, eux qui sont venus une nouvelle fois au salon et ont utilisé sans relâche les bureaux «pop up» installés dans l’Arcadis Zaal du premier étage pour y organiser leurs réunions. Le Canada, pays invité, a planté sa tente juste à côté du stand suisse, ce qui a certainement contribué à entretenir le flux constant de passants sur cet emplacement un peu à l’écart. Mais c’est le désormais traditionnel apéro «Alpine cocktail», co-organisé par la Suisse et l’Autriche, qui a véritablement attiré les foules. Parmi les convives se trouvait Jasper Renema, le référent culture de l’ambassade suisse.
Les nouveaux venus ont pu d’ailleurs profiter eux aussi de l’expérience des autres participants. C’est ainsi que Felix Heri, co-directeur de la Sinfonietta de Bâle, décrit ses premières impressions: «C’est une atmosphère très particulière. Il se passe énormément de choses et l’on peut presque passer son temps à aller de stand en conférence, sans faire de pause. Pour réseauter, c’est super d’avoir à ses côtés quelqu’un comme Etienne Abelin, qui peut aider à ouvrir des portes et à nouer des contacts».
Le violoniste Etienne Abelin, membre cette année du jury des showcases, fait partie des porte-étendards suisses à la C:N. Il pense que le déménagement à Rotterdam était une bonne idée: «Ici, on ne pense pas du tout le classique comme dans les pays germanophones. On met plus l’accent sur un lien organique entre le contenu, la présentation et la communication. La transmission est d’une certaine manière pensée avec le contenu et n’en est pas séparée.»
Showcases et prix de l’innovation
La présentation joue un rôle prépondérant à la C:N, et cela se voit dans les showcases. De l’art vidéo, des ambiances lumineuses sur scène ou des chants diphoniques, accompagnés de mouvements expressifs à la limite de la danse expressionniste: voilà quelques-unes des friandises pour les yeux qui ont été offertes au spectateur.
Entre ces concerts à la scénographie sophistiquée, la performance du Kaleidoscope String Quartet semblerait presque traditionnelle, mais c’est sans compter le talent avec lequel la formation surprend son public. En effet, en l’absence du second violon, le quartet a dû réarranger dans l’urgence ses morceaux pour l’adapter à un trio à cordes. L’engagement sans relâche des trois musiciens a été salué par un tonnerre d’applaudissements et de cris d’admiration à l’issue de leur prouesse.
La présence suisse à Rotterdam a été marquée par un dernier grand moment lors du gala de clôture: la remise du premier Prix de l’innovation, décerné par la «Classical:NEXT Community» (c’est ainsi que les organisateurs aiment à appeler, depuis la première édition, tous les accrédités) par vote électronique. Le premier prix a été remis au projet Ark Nova du festival de Lucerne, qui, grâce à une salle de concert gonflable, a fait à nouveau résonner la musique dans la région japonaise du Tohoku, dévastée par le séisme et le tsunami. «L’innovation peut surgir partout et à tout moment», explique Michael Haefliger, directeur du festival de Lucerne. «Elle se trouve à l’intersection entre l’art, la communauté et le sens.»