Des pièces de puzzle comme des cailloux de mosaïque qui scintillent, éparpillés, dans toutes les teintes possibles. Et pourtant: aucune image d’ensemble ne se dégage. Pour que le tableau achevé ait une véritable identité, il manque le juste ordonnancement, le bon déroulé. «Un peu de tout, mais rien à fond»: tel est l’état dans lequel se trouvait Anna Gosteli, d’après ses propres dires, pendant des années. Et ce, bien que l’on puisse voir et entendre les différentes pièces du puzzle: sept ans de leçons de piano, puis de clarinette, puis un chœur à l’école. Chez elle, dans le Vorarlberg autrichien, sa mère joue de la guitare et son père du saxophone. «Enfant déjà, j’écoutais tous les styles possibles, des chansons indémodables et des tubes. À la maison, nous avions toujours un instrument sous la main pour faire de la musique.»
À 14 ans, Anna Gosteli déménage en Suisse. C’est un nouveau caillou pour sa mosaïque, auquel viendront régulièrement s’ajouter de nouveaux. À 21 ans, elle devient membre du collectif d’art pop bâlois The bianca Story. Rien ne semble faire obstacle à une fulgurante carrière. Spectacles à l’opéra allemand de Berlin, enregistrements aux studios Abbey Road à Londres, et pourtant: «J’étais la petite souris du groupe au début», raconte la musicienne d’aujourd’hui 35 ans, avant d’ajouter: «C’était un sentiment tout à fait personnel, et qui ne tenait pas à mes collègues masculins, qui m’ont toujours traitée comme un membre à part entière.» Chanteuse extrêmement talentueuse, Anna Gosteli reste cependant toujours la deuxième voix malgré le succès international. Ajoutons à cela une certaine timidité, et cette situation lui laisse le sentiment qu’elle pourrait aller plus loin.
Son émancipation commence quand elle se met à fréquenter de l’école de jazz de Bâle. Elle apprend la composition avec Hans Feigenwinter, le chant avec Lisette Spinnler et les harmonies avec Lester Menezes. Elle en rit aujourd’hui, mais «à l’époque, je pleurais quand Lester me disait une fois encore, énervé, que ce que je faisais était ennuyeux. Je chantais trop bien.» Finalement, cet amour-haine se révèle un moteur important pour sortir des rôles assignés et écouter sa voix intérieure. Lentement mais sûrement, les pièces du puzzle récoltées pendant des années semblent s’assembler. La certitude grandit que là derrière, peut-être, se cache un grand tableau dont tous les morceaux concorderaient.
Anna Gosteli fonde Chiqanne avec Fabian Chiquet, de The bianca Story. Ensemble, ils créent des chansons pop formidables et profondes. «D’un seul coup, je me suis mise à écrire des textes en allemand et à me tenir sur le devant de la scène.» Mais l’étape décisive de l’assemblage du puzzle n’arrive qu’avec «Dr Schnuu und sini Tierli» et sa collection de chansons pour les enfants et, c’est important, aussi pour leurs parents. Cela n’était pas prévu, comme tant d’événements sur son riche parcours. «Je ne sais jamais où les choses vont m’entraîner. Mais c’est aussi une sorte de concept», sourit-elle.
C’était à Noël, et alors jeune mère d’un fils qui a aujourd’hui six ans, Anna Gosteli avait besoin d’un cadeau pour les enfants de ses amis. «Et parce que je manquais terriblement d’argent à cette époque, j’ai décidé d’écrire une chanson et d’offrir à chacun un couplet.» À la chanson sur les volatiles suit celle sur un castor, qu’elle offre au compositeur de musique de films Biber Gullatz (en allemand, «Biber» signifie castor), avec qui elle travaille souvent à l’adaptation musicale de téléfilms, pour le remercier de l’avoir hébergée à Berlin. «C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée d’écrire une série de chansons pour les enfants.»
Ce sont ces chansons-là, qui englobent déjà presque toute la somme des expériences musicales que l’artiste a engrangées pendant sa carrière, qui lui montrent que le puzzle va devenir un tableau brillant. Avec beaucoup d’espièglerie, mais aussi une profondeur psychologique étonnante, ces morceaux prouvent l’étendue du talent de la parolière qu’elle est, tandis que la musique – jouée sur scène avec la guitariste Martina Stutz – reflète son voyage à travers les styles, des chansons indémodables au jazz en passant par les tubes et la pop.
«En ce moment, je fourmille d’idées», dit la musicienne, qui donne des cours de chant au Guggenheim à Liestal et codirige, avec Evelinn Trouble, le «Female Bandworkshop» d’«Helvetiarockt». Enfin, au sein du nouveau groupe Kid Empress, elle s’apprête à présent à parachever son puzzle. «J’ai enfin trouvé trois âmes sœurs dans la musique, relate Anna Gosteli. Nous prenons les décisions ensemble, et ce sans devoir faire de compromis.»
Le «Schnuu» et le son de Kid Empress, influencé par différents styles, montrent déjà bien que le «un peu de tout, mais rien à fond» du début prend les contours d’une véritable identité. «La contribution Get Going! me donne, exactement au moment où j’en ai besoin, le coup de pouce financier nécessaire pour pouvoir me lancer dans ces nouvelles aventures créatives.» Et à nouveau, un sourire lumineux s’affiche sur son visage.
C’est en 2018 que la FONDATION SUISA a commencé à allouer ses nouvelles contributions à la création. Dans le cadre de «Get Going!», elle finance des processus créatifs et artistiques qui se situent hors des catégories usuelles. Nous consacrons chaque année une série de portraits aux bénéficiaires de ces contributions Get Going! L’appel à candidatures pour 2020 s’achèvera à la fin août.
Anna Gosteli: «Non so mai dove mi porta la vita»
Nonostante una formazione d’eccezione e il successo commerciale in numerose band, il talento di Anna Gosteli stentava a salire alla ribalta. Oggi, forte di numerose esperienze confluite in un’identità musicale ardentemente cercata, la 35enne di Soletta può finalmente esprimere tutto il suo estro artistico. Grazie al contributo «Get Going! 2019», l’artista può ora contare sulla necessaria autonomia finanziaria. Contributo ospite di Rudolf Amstutz
Le tessere di un mosaico, distribuite casualmente, presentano un’infinita varietà di colori, ma non formano un quadro d’insieme. Per creare l’immagine finale, devono essere disposte nella loro esatta collocazione. «Di tutto un po’, senza eccellere in niente»: così Anna Gosteli esprime uno stato d’animo durato anni. E questo nonostante un’evidente preparazione in numerose discipline: lezioni di pianoforte a sette anni, poi clarinetto e coro della scuola. A casa, nel Vorarlberg austriaco, una madre chitarrista e un padre sassofonista. «Già da bambina ho sperimentato ogni stile possibile, dall’evergreen allo Schlager, e non sono mancati diversi strumenti da suonare».
Poi, a 14 anni, il trasferimento in Svizzera. A questo punto il mosaico si arricchisce di una tessera a cui ne seguiranno molte altre. A 21 anni Anna entra a far parte del quintetto indiepop fondato a Basilea «The Bianca Story». Nulla sembra ostacolare una carriera in ascesa: apparizioni alla Deutsche Oper Berlin, registrazioni agli Abbey Road Studios di Londra. «All’inizio passavo inosservata nella band», afferma la 35enne. Poi aggiunge rapidamente: «Ma ero io a sentirmi così, non era colpa dei miei colleghi uomini, che mi hanno sempre trattata alla pari». Cantante di grande talento, Anna è sempre stata la seconda voce nonostante il successo internazionale. Questa condizione, unita alla sua natura riservata, l’ha portata a immaginare una carriera più appagante.
Così, la sua emancipazione artistica è iniziata frequentando la scuola di jazz di Basilea: composizione con Hans Feigenwinter, canto con Lisette Spinnler e armonia con Lester Menezes. Oggi ci ride su, ma ammette di aver pianto quando Lester «sbottò che quello che facevo era noioso. Secondo lui cantavo fin troppo bene». Alla fine, attraverso questo rapporto di amore-odio, Anna è riuscita a mettere in discussione i ruoli che le erano stati assegnati e ad ascoltare la sua voce interiore. Lentamente ma inesorabilmente, le tessere del mosaico accumulate negli anni sembravano finalmente andare al posto giusto. E in lei cresceva la certezza che presto avrebbero creato un quadro perfetto.
Così, con Fabian Chiquet di The Bianca Story, ha fondato Chiqanne. Insieme compongono meravigliose canzoni pop dai contenuti profondi. «All’improvviso mi sono trovata a scrivere testi in tedesco e a cantarli sotto le luci della ribalta». Tuttavia, la svolta decisiva è arrivata con «Dr Schnuu und sini Tierli», una raccolta di canzoni per bambini ma anche per i loro genitori. Fu un caso, come molti altri avvenimenti della sua variegata carriera. «Non so mai dove mi porta la vita. Ma, in un certo senso, è un piano anche questo», afferma ridendo.
Un Natale di qualche anno fa Anna, già madre di un bimbo che oggi ha sei anni, stava cercando un regalo per i figli dei suoi amici. «E siccome all’epoca dovevo risparmiare, ho scritto una canzone dedicando una strofa ad ogni bambino». A «Federvieh», il brano sui pennuti, ha fatto seguito la canzone del castoro, «Biber», dedicata al compositore di colonne sonore cinematografiche Biber Gullatz (con cui spesso collabora per le musiche di film per la televisione) come ringraziamento per il suo soggiorno a Berlino. «Soltanto allora ho pensato di scrivere una raccolta di canzoni per bambini».
Sono proprio queste canzoni, che raccolgono gran parte della sua esperienza musicale, a suggerire che il mosaico di Anna Gosteli si trasformerà ben presto in un’opera strabiliante. Con molta ironia, ma anche con grande profondità di pensiero, queste canzoni mostrano tutto il talento narrativo di Gosteli, mentre la musica portata sul palco insieme alla chitarrista Martina Stutz riflette il suo percorso tra gli stili più disparati, dall’evergreen allo Schlager passando per il pop e il jazz.
«Oggi ho un sacco di idee», afferma Anna, che insegna canto al Guggenheim di Liestal ed è responsabile insieme a Evelinn Trouble del «Female Bandworkshop» per «helvetiarockt». Un’ultima ma non meno importante novità: il mosaico sarà presto completato nella neonata formazione Kid Empress. «Finalmente collaboro con tre persone musicalmente affini», afferma la giovane artista, «insieme prendiamo decisioni senza scendere a compromessi».
«Schnuu» e il sound dallo stile trasversale di Kid Empress suggeriscono che l’iniziale «di tutto un po’, senza eccellere in niente» ha lasciato il posto a una precisa identità. «Il contributo Get Going! arriva nel momento giusto, poiché mi offre le risorse finanziarie necessarie per potermi lanciare in nuove avventure creative.» Uno splendido sorriso le illumina il viso.
Dal 2018 la FONDATION SUISA assegna nuovi contributi alla creazione. Con il progetto «Get Going!» vengono incentivati finanziariamente processi creativi e artistici che esorbitano dalle categorie convenzionali. In una serie di ritratti, ogni anno presentiamo i beneficiari dei contributi «Get Going!». Il concorso 2020 termina a fine agosto.