Jean-Martin, que penses-tu des paroles suivantes: «A Wop bop a loo bop a lop bam boom» ?
Jean-Martin Büttner: c’est un bon exemple de paroles codées. En effet, «Tutti Frutti» de Little Richard parle secrètement de drag queens et de pratiques sexuelles, en tout cas dans la version originale de 1955. A ce sujet, il faut savoir que le chanteur était triplement défavorisé: Richard était noir, homosexuel et originaire du Sud des Etats-Unis. Dans une interview, le politologue américain Greil Marcus a bien expliqué l’étonnant effet de ces paroles. Même sans comprendre le texte, on ressent par la joie qui se dégage du chant de Little Richard qu’il y a là-derrière quelque chose de probablement indécent. Cela peut paraître étonnant, mais ce texte est l’une des œuvres centrales de l’histoire du rock ‒ non parce qu’il dit quelque chose, mais parce qu’il exprime quelque chose.
Nik Cohn a écrit en 1971 dans son ouvrage «AWopBopaLooBopALopBamBoom», devenu entretemps un classique de la littérature rock, que ces paroles sont magistrales dans le sens qu’elles sont un «résumé de la substance réelle du rock’n’roll de l’époque». Il a également écrit que les paroles des chansons rock constituent une sorte de «langage codé pour les teenagers». La culture des jeunes est cependant en constante évolution. Est-ce que cela signifie que ce texte est figé dans son époque ?
Je pense que de telles considérations peuvent valoir pour tout texte de chanson et pour de nombreux poèmes également. Seuls les plus grands comme Shakespeare, Rilke ou Dylan peuvent écrire des textes qui portent au-delà de leur temps. Ce texte de Little Richard est indubitablement figé dans son époque, notamment parce qu’il a dû être codé jusqu’à devenir incompréhensible pour passer sous le radar de la censure des stations de radio blanches d’alors. On peut constater avec ironie que la même chose vaut pour les paroles explicites, vulgaires et crues du hip-hop. Il devient assez rapidement lassant d’entendre des textes où les femmes sont réduites à des catins buveuses de champagne et où on n’hésite pas à entonner un hymne à ses chaussures de sport.
En quoi ces paroles de Little Richard gardent-elles une pertinence ?
«Tutti Frutti» est un texte historique. Mais il convient de garder à l’esprit que Nik Cohn avait une position anti-intellectuelle par rapport à la signification du rock’n’roll. Et que son livre fut l’un des premiers sur la musique rock. Je l’aime aujourd’hui encore, car l’écriture est radicale. Nik Cohn, d’emblée une personne en marge en tant que juif irlandais, a écrit certaines phrases d’anthologie, comme par exemple qu’il n’existait quasiment aucun véritable texte dans le rock’n’roll. Je pense qu’il considérait cela comme une provocation, mais pas uniquement. C’était une attaque contre des artistes comme Dylan ou les Beatles, qui ont à son avis ruiné le rock avec leurs prétentions littéraires.
La mise sur un piédestal des textes de chansons dans le cadre de l’attribution du Prix Nobel de littérature à Bob Dylan constitue-t-elle une perte pour la tradition des textes un peu absurdes ?
Pas du tout, car il n’existe heureusement aucune instance chargée de décider si un texte de chanson est bon ou non. En outre, Dylan a lui aussi écrit des textes qu’on peut qualifier de surréels, avec certes des jeux de mots et une dimension humoristique, mais aucun sens bien compréhensible, comme par exemple «Subterranean Homesick Blues» en 1965. Avec cette chanson, Dylan fait référence (il ne l’a jamais nié) à «Too Much Monkey Business» de Chuck Berry, et n’est ainsi pas très éloigné de Little Richard. Dylan semble donc plus proche des héros de Nik Cohn que celui-ci peut le penser. Dylan a d’ailleurs indiqué un jour que son objectif professionnel était de devenir le pianiste de Little Richard!
«La poésie a toujours été un art oratoire. Durant l’Antiquité déjà, les poètes récitaient leurs textes.»
Mais, tout compte fait, les textes de chansons n’ont-ils pas de plus en plus perdu le caractère qu’ils avaient à l’origine ?
On touche ici à la question du sens. Je me suis toujours battu contre cette idée absurde que la musique rock devrait rester une musique de jeunes comme elle l’était à l’origine. Elle s’est plutôt affirmée comme une culture évoluant avec ses créateurs. Bob Dylan, Johnny Cash ou Leonard Cohen sont ou ont été pertinents même à l’âge ou d’autres sont à la retraite. De plus, la poésie a toujours été un art oratoire. Durant l’Antiquité déjà, les poètes récitaient leurs textes.
Little Richard cultivait la provocation ‒ et c’est devenu difficile aujourd’hui …
Cette attitude paraît dépassée depuis longtemps. Pensons à Lady Gaga, dont les provocations font clairement partie d’un plan marketing. Sa dernière provocation consistant à se montrer sans maquillage met en évidence son désarroi. On se souvient du scandale provoqué par David Bowie lorsqu’il avait affirmé être homosexuel ‒ ce qui était faux. De tels effets de choc, d’Alice Cooper à Marilyn Manson, ont perdu tout leur impact. Mais la bonne musique reste de la bonne musique.
Dans la musique rock, le texte est fortement lié à d’autres aspects comme le son ou le phrasé, des aspects qui lui donnent parfois toute sa signification. Mais la fonction du texte n’a-t-elle pas changé avec le temps ?
Je suis souvent étonné de constater à quel point les auditeurs prêtent peu d’attention au texte. Il en a probablement toujours été ainsi. Les Beatles ont par exemple principalement écrit des textes d’une banalité confondante jusqu’en 1965, comme celui de «She Loves You», malgré leur ironie et leur talent lyrique et d’écriture. Il est intéressant de constater que les textes jouent un rôle prépondérant dans le hip-hop, alors que la musique y est souvent assez monotone et répétitive. En outre, on peut remarquer que, au cours de ces dernières décennies, les paroles sont passées de plus en plus souvent de l’anglais à l’allemand, l’italien ou le français, pour le chant et le rap. Dans ces conditions, il est logique que les textes reprennent une plus grande importance. Pensez à Peter Fox (Seeed): son album solo, «Stadtaffe», est un hymne à Berlin, la ville d’où il est originaire; grâce au texte en allemand, les Berlinois ont pu s’y identifier.
«Les textes de chansons, ce n’est pas une matière qu’on apprend à l’école. Chacun de nous a la liberté de choisir une approche.»
Cet exemple montre également que, parfois, il est nécessaire de connaître le contexte de création du texte pour en comprendre le sens. Mais l’auteur d’un texte peut-il attendre des personnes auxquelles il s’adresse qu’elles s’intéressent de près aux paroles ?
Les textes de chansons, ce n’est pas une matière qu’on apprend à l’école. Chacun de nous a la liberté de choisir une approche. L’une de mes amies a longtemps enseigné la danse hip-hop. La musique servant à la danse, elle n’a pas remarqué que les morceaux utilisés contenaient souvent des textes méprisant les femmes. A chacune et chacun de faire la part des choses!
Dans le cadre de concerts, je constate souvent que la méconnaissance des paroles peut conduire à des confusions. Un exemple classique, qui induit en erreur même certains Américains, c’est la chanson «Born in the U.S.A.» de Bruce Springsteen. Le morceau parle du destin des vétérans du Vietnam, mais est plein d’ambivalence, notamment parce qu’il commence par un air de fanfare et que, sur la couverture de l’album, Springsteen y apparaît devant un drapeau américain. Message de gauche, refrain de droite. Reagan n’entendit que le second et fut enthousiasmé; Springsteen se distança en grommelant. Le disque fit de lui un millionnaire.
Mais le message ne passe-t-il pas d’une manière ou d’une autre ?
Dans un essai, Greil Marcus, dont il a été question plus haut, a expliqué pourquoi tout ce que Springsteen chante reste sans conséquence. L’artiste peut chanter autant de fois qu’il le souhaite les familles détruites et la pauvreté régnant aux USA, le fait est que personne ne réagit. Ce silence prouve que tous ces appels restent sans effet. Comment pourrait-il en être autrement ? J’ai demandé un jour à l’humoriste Eddie Izzard si l’humour pouvait avoir un impact social. Sa réponse fut que seule la politique pouvait provoquer des changements, et que c’est pour cela qu’il était candidat au Parlement. Si l’on veut changer les choses, il faut changer les lois.
Les paroliers disent souvent que, avec leurs textes, ils souhaitent provoquer certaines associations d’idées pour que l’auditeur s’approprient la chanson …
Cela me fait penser au rôle important d’une chanson du jeune James Brown dans les années 60, «Say it loud – I’m black and I’m proud», que les jeunes noirs écoutèrent beaucoup. C’était une sorte de mode d’emploi pour l’identité noire ‒ avec l’affirmation que, même en tant que membre d’une minorité, il est possible d’exister, d’être important aux USA avec une possibilité de s’exprimer.
Il les a encouragés à s’affirmer …
Exactement, de nombreux textes de chansons ont joué un rôle important pour le mouvement de défense des droits civiques. Certaines chansons ont également joué un grand rôle dans le mouvement contre la guerre du Vietnam. Pourquoi «Sloop John B» des Beach Boys est-il devenu un hymne pour les GI au Vietnam, alors que cette reprise parle simplement d’un conflit sur un bateau? Parce que le refrain est le suivant: «Why don’t they let me go home, this is the worst trip I’ve ever been on». Pas étonnant que cela ait eu un écho au Vietnam. Ou encore: «Nowhere To Run» de Martha And The Vandellas, une chanson d’amour qui cachait un slogan de gauche contre l’Etat.
Un texte peut parfois changer complètement de sens selon le point de vue …
Le morceau «Another Brick In The Wall» de Pink Floyd est un bon exemple de cela. En Afrique du Sud, il a été transformé par les écoliers blancs et noirs en hymne contre l’apartheid. Le chercheur allemand Diedrich Diederichsen a dit un jour que la pop est un canal ouvert. L’avantage est que tout y est possible. Si le public décide qu’une chanson a telle ou telle signification, il en est ainsi.
«L’un des exemples les plus connus de chanson dont la première version des paroles ne devait pas être prise au sérieux, c’est ‹Yesterday› de Paul McCartney. Le texte initial était le suivant: ‹scrambled eggs, baby I love your hairy legs› !»
Ces derniers mois, de nombreux musiciens se sont prononcés contre Donald Trump, mais peu de chansons explicites sont nées de cette fronde …
La journaliste britannique Julie Burchill a écrit un jour que rien ne pouvait mieux castrer un message politique qu’un backbeat bien appuyé. Bob Dylan s’en est assez vite rendu compte et a arrêté d’écrire des chansons d’accusation directe; il s’est mis à penser de manière plus approfondie. Ses chansons explicitement politique comme «Now Ain’t The Time For Your Tears» ont bien moins vieilli que celles qui expriment une critique générale de la guerre comme «Masters of War». Je pense que les grands artistes ne réfléchissent pas en termes de semaines ou d’années, et que les grandes chansons politiques ne se rapportent pas spécifiquement à un cas donné. La chanson «The Revolution Will Not Be Televised» de Gil Scott-Heron est universelle; de plus, elle intègre une dimension d’humour et d’ironie, ce qui est malheureusement rarement le cas pour les musiciens protestataires.
De nombreux auteurs reconnaissent que leurs textes naissent lorsque la musique est déjà terminée. Comment expliques-tu cela ?
L’un des exemples les plus connus de chanson dont la première version des paroles ne devait pas être prise au sérieux, c’est «Yesterday» de Paul McCartney. Le texte initial était le suivant: «scrambled eggs, baby I love your hairy legs» ! Lors de sa conférence de presse l’an passé à Genève, Brian Eno a raconté que la plupart des chanteurs recouraient lors des répétitions dans un premier temps à une sorte de «yaourt» sans signification. Un refrain ou «hook» apparaît ensuite, sur la base duquel le texte peut se développer. De nombreux musiciens procèdent de la sorte, par exemple Bono ou Mick Jagger. La création de paroles est parfois difficile même pour des auteurs ayant fait leurs preuves. Randy Newman m’a par exemple avoué lors d’un entretien qu’il lui était plus facile de créer des mélodies que des textes, l’écriture de paroles se transformant parfois en cauchemar.
Mais est-ce qu’on ne peut pas dire que les paroles sont souvent secondaires, qu’elles doivent seulement être un support pour la mélodie ?
Ce n’est pas forcément le cas, comme le montre l’exemple d’Abba. On peut bien entendu affirmer sans trop prendre de risque que «I do, I do, I do, I do, I do» ne sont pas des paroles susceptibles d’entrer au Pantéon des paroles les plus marquantes. Mais «Knowing Me, Knowing You» est un morceau qui contient un message amer adouci par une mélodie ravissante. Le texte parle d’un divorce et est l’une des chansons préférées d’Elvis Costello. On peut penser également à «The Day Before You Came», le dernier single d’Abba, qui combine un excellent texte et une musique incroyablement triste.
On le sait, les paroles naissent souvent presque par hasard de manière un peu spontanée …
L’exemple probablement le plus connu de chanson née presque par accident, c’est «Smoke On The Water» de Deep Purple. Spectateurs de l’incendie du casino de Montreux, le groupe a écrit assez rapidement cette chanson prenante, qui est en fait très descriptive. Bob Dylan connaît lui aussi parfois des phases de créativité compulsive: l’ensemble des textes pour l’album «Time Out Of Mind» auraient ainsi été rédigés en deux semaines, un exploit si l’on considère leur longueur.
Cela correspond assez à la manière de procéder des chanteurs à texte, qui tendent à réduire une histoire à son essence. Chez ceux-ci, on trouve également parfois l’extrême inverse, où le texte est uniquement emballé musicalement …
On constate cela lorsque le texte est si dominant par rapport à la musique que celle-ci devient presque un prétexte. La situation est différente avec un bon songwriter comme Dylan. «It’s Alright, Ma (I’m Only Bleeding)» contient des mots en cascades et fonctionne tout de même bien parce que la langue se transforme en instrument produisant un rythme. Comme exemple contraire, pensons à une chanson des Beatles écrite par John Lennon: «I Want You (She’s So Heavy)»: Malgré sa durée de presque huit minutes, elle est constituée d’une seule phrase avec des variations. Cela montre que les libertés sont très grandes. On se souvient de la belle phrase de Max Frisch: «ça fonctionne donc c’est permis.».
«Il faut cesser de penser que les paroles de chansons peuvent être appréciées simplement en les lisant; sur le papier, elles ne fonctionnent généralement pas, et y sont sans vie.»
Ce principe pourrait également s’appliquer pour les paroles de chansons d’amour, l’amour restant le thème principal pour la musique pop. Une chanson d’amour peut paraître niaise si l’on considère ses paroles mais tout de même fonctionner à merveille. Qu’est-ce qui fait la différence ?
«I Will Always Love You» est un bon exemple d’impact très différent d’un même texte, selon l’instrumentation et l’interprétation. Cette chanson n’est pas de Whitney Houston à l’origine, mais de Dolly Parton. Et sa version originale de 1974 est grandiose, bien que le texte soit incroyablement banal: l’émotion naît de l’interprétation.
Les mêmes paroles peuvent également avoir des sens différents selon l’interprétation …
Oui, et la chanson «You Can Leave Your Hat On» de Randy Newman permet d’illustrer cela. Dans sa version originale, cette chanson d’amour comporte une dimension de menace, le protagoniste apparaît comme un harceleur qui nous fait peur. Dans la version de Joe Cocker, la chanson ne parle plus d’un prédateur sexuel et devient un hymne au sexe et à la liberté ‒ et c’est dans cette interprétation qu’elle a été utilisée dans le film «9 Semaines 1/2».
Les textes de deux chansons d’amour peuvent être similaires en ce qui concerne le choix du vocabulaire et avoir un effet très différent, insignifiant ou captivant. Pourquoi ?
Il faut cesser de penser que les paroles de chansons peuvent être appréciées simplement en les lisant; sur le papier, elles ne fonctionnent généralement pas, et y sont sans vie. L’une des raisons est que, pour les paroles, la technique de la répétition joue un rôle non négligeable; les textes de Nick Cave par exemple sont absurdes sur le papier.
Il y a cependant des exceptions, et les textes des chansons de Leonard Cohen en font partie. Cela s’explique probablement par le fait qu’il a avant d’enregistrer des chansons écrit trois livres et deux recueils de poèmes. Il a recouru à la guitare car il pensait qu’il pourrait ainsi atteindre un plus grand public. Mais la magie des paroles se révèle dans la plupart des cas au moment où elles sont chantées. Pensez par exemple à «Hitch Hike» de Marvin Gayes. Son chant donne au morceau une élégance lascive.
Avec le chant, on peut également briser les stéréotypes d’un texte ou ajouter une note d’ironie …
Lyle Lovett a fait exactement le contraire dans la chanson «She’s Leaving Me Because She Really Wants To». Le texte est à l’origine marqué par de l’ironie, mais il l’a chanté dans une version country d’une manière manquant complètement d’ironie. La rupture est dans ce cas qu’il s’est emparé d’un texte non conventionnel, que le genre persiffle habituellement, et l’a interprété de manière conventionnelle.
Le chanteur et producteur Roman Camenzind a affirmé un jour qu’un texte de chanson devait absolument être écrit par l’auteur dans sa langue maternelle pour qu’il ait un caractère authentique …
C’est une bonne thèse, même s’il y a des contre-exemples. Dans le cas de Rammstein, je suis fasciné de constater que les personnes qui viennent à leurs concerts chantent les paroles en allemand même dans des lieux comme Mexico City ou New York. Le chanteur Till Lindemann m’a confié qu’il pensait que la plupart chantaient ses paroles de manière phonétique uniquement. A cet égard, la langue anglaise est assez perfide. C’est un peu comme quand on commence à jouer de la guitare: il est assez facile de jouer trois accords, et cela sonne assez bien. Mais c’est plus compliqué pour la suite. Et cela se remarque assez souvent dans le cas d’auteurs qui ne sont pas de langue maternelle anglaise.
Et en Suisse ?
Il y a certes en Suisse d’excellents paroliers, notamment Kutti MC, Endo Anaconda (Stiller Has), Kuno Lauener (Züri West) et Carlos Leal (Sens Unik). En Suisse alémanique, la réalité est que le dialecte restreint beaucoup le public; la situation est très différente en Allemagne à ce sujet.
Un auteur suisse qui souhaite vivre de la musique doit donc essayer de trouver un public aussi large que possible en recourant à une langue internationale. Est-ce que cela se fait au détriment de l’authenticité ?
Yello est un bon exemple qui montre que l’utilisation de l’anglais peut bien fonctionner. Dieter Meier a créé de nombreux textes dadaïstes et son anglais est assez suisse, avec un accent et un côté humoristique. Les personnalités des deux artistes sont bien perceptibles, ce qui donne un aspect authentique. Les Young Gods connaissent également un grand succès, alors que Franz Treichler chante ses textes avec un accent français; mais dans ce cas, c’est surtout sa voix qui est importante et non les textes. Pour moi, ce sont les deux groupes suisses les plus importants; malgré leur rayonnement international, ils ont conservé leur identité. Les groupes qui chantent en français, comme Sens Unik, ont davantage de chance car leur langue maternelle est une langue internationale.
Jean-Martin Büttner (né en 1959) a grandi à Bâle et est bilingue (allemand et français). Il a étudié la psychologie, la psychopathologie et l’anglais à Zurich et son travail de fin d’études portait le titre suivant: «Sänger, Songs und triebhafte Rede. Rock als Erzählweise» (livre publié en 1997, aujourd’hui épuisé). Dans les années 80, il a écrit régulièrement pour le magazine musical Music Scene, qui était à l’époque dirigé par Markus Ganz, qui a réalisé la présente interview. Depuis 1987, il est engagé au quotidien Tages Anzeiger. Il a travaillé comme rédacteur dans la rubrique culturelle et dans la rubrique suisse et comme correspondant pour la Suisse romande et rédacteur au Palais fédéral. Depuis 2010, il écrit sur différents sujets et notamment régulièrement sur la musique. |
Prix de reconnaissance pour paroliers-ières La FONDATION SUISA met au concours son prix de reconnaissance 2017 (CHF 25 000.-) pour des parolières et paroliers. Les travaux sont pris en compte dans toutes les langues. L’ensemble de l’œuvre des candidates et des candidats sera évalué, et non les textes isolés. L’œuvre des participantes et des participants doit avoir un lien avec la création musicale suisse de notre temps. Les propositions de candidatures émanant de tiers sont également possibles. Un jury spécialisé évaluera les dossiers déposés sur la base du règlement du prix. Dernier délai d’envoi: 24 février 2017. Des informations complémentaires ainsi que le règlement et le formulaire d’inscription sont disponibles sur le site Internet de la FONDATION SUISA. |