Cloches de vaches, bêlement de chèvres, grincement de porte, caquet de poules, bruissement des arbres dans le vent, sirènes des voitures de police, clapotis de l’eau: il n’existe aucun son qui ne saurait susciter l’intérêt de Michel Barengo. Infatigable collectionneur de sons, il s’est constitué une impressionnante audiothèque de nuances acoustiques dans son propre studio. «Assieds-toi à un arrêt de bus et ferme les yeux pendant dix minutes. C’est incroyable tout ce qui s’y passe», dit-il. La lueur dans les yeux de l’architecte du son ne laisse aucun doute sur sa soif de découverte.
Cependant, le Zurichois n’est pas seulement un bricoleur avec une tendance à créer sa propre musique, il fait partie des artistes les plus demandés dans le domaine de la sonorisation des jeux vidéo ou de la création d’effets sonores pour le théâtre. En 2016, il remporta le prix de la FONDATION SUISA pour la meilleure musique de jeu vidéo. Ces commandes ne forment toutefois qu’une partie du travail de ce touche-à-tout qui suit une identité musicale claire et bien à lui.
Le savoir-faire qu’il a acquis dans le but de mettre en œuvre sa créativité à l’échelle professionnelle est impressionnant. À cinq ans, il a appris à jouer du violon et de la batterie. Il a ensuite monté avec ses frères divers groupes de punk, de métal et de rock alternatif. Influencé par Mr. Bungle et Fantômas, les projets du chanteur californien Mike Patton, Michel Barengo a suivi cette voie et a inévitablement atterri chez le saxophoniste new-yorkais John Zorn et sa musique expérimentale. «Grand Guignol», l’album de son groupe Naked City, a certainement été l’expérience musicale décisive dans la vie du jeune Michel Barengo. De façon à la fois brutale et subtile, John Zorn déconstruit et reconstruit la musique avec une vélocité époustouflante et puise dans d’innombrables petits fragments pour créer une onde sonore explosive absolument unique.
«Les affinités de John Zorn avec la scène underground japonaise m’ont poussé à m’intéresser de plus en plus à la scène grindcore et expérimentale, notamment à des groupes comme Ground Zero, Korekyojinn ou Ruins, avec Tatsuya Yoshida à la batterie et Otomo Yoshihide aux platines et à la guitare. Cette découverte a été révélatrice dans mes propres expériences», explique Michel Barengo. Ces influences sont évidentes dans ses deux projets de groupe, le trio de jazzcore Platypus et la formation de grind noise Five Pound Pocket Universe (5PPU).
Formation professionnelle
C’est grâce à sa formation professionnelle que Michel Barengo est aujourd’hui capable d’évoluer avec légèreté dans son univers sonore, de jeter sans cesse des ponts entre sa voie artistique et ses œuvres commandées, et de virevolter d’une rive à l’autre avec tant d’agilité. À la Wintherthur Academy for Modern Music (WIAM), il a suivi une formation de batteur de jazz. Puis, à la Haute école d’art de Zurich (ZHdK), il a obtenu un master en composition de musique pour film, théâtre et médias.
Tantôt des œuvres opulentes hollywoodiennes pour un jeu vidéo, tantôt les créations d’une force granitique de son groupe 5PPU, ou un collage d’échantillons précis pour Platypus: l’éclectisme de Michel Barengo se nourrit de ce besoin constant d’imaginer une esthétique qui lui est propre. Défier tous les a priori, n’accorder aucun répit à ses auditeurs: derrière chaque tonalité pourrait s’en cacher une autre, surprenante, qui remet tout en question ou modifie en une fraction de seconde la trajectoire jusqu’ici empruntée.
Essayer de nouvelles choses
À travers l’art transparaît aussi la personnalité de son créateur. «J’ai la bougeotte», dit Michel Barengo. «Tant de choses m’intéressent. Je m’ennuie vite: je suis insatiable, j’ai constamment besoin d’essayer de nouvelles choses. Ce qui me stimule, c’est de s’imprégner d’un maximum de sons et les transformer. J’aime les extrêmes et la diversité», explique-t-il. Et d’ajouter en riant: «C’est certainement lié au fait que j’ai découvert ‹Grand Guignol› à l’âge de 13 ans. Voilà le résultat.»
Michel Barengo a besoin de sortir de sa zone de confort pour se sentir bien. Et c’est justement entre deux extrêmes que se situe son projet Get Going!, et plus précisément dans la zone de tension créative qui règne depuis des siècles entre tradition et modernité. L’amour que Michel Barengo porte à l’underground nippon a déjà motivé une douzaine de voyages au Japon. Désormais, il aimerait y mettre sur pied un projet tripartite. «Concrètement, j’imagine un concept en trois phases, c’est-à-dire deux séjours au Japon, suivis d’une phase de réflexion et de transformation en Suisse», explique-t-il. «D’abord, je souhaite me pencher sur la musique traditionnelle japonaise, dans le cadre de sessions d’impro dans la scène underground de Tokyo, et son adaptation dans la musique contemporaine. Puis, je rencontrerai douze musiciens japonais dans douze hôtels différents. Avec chacun d’entre eux, j’enregistrerai dans une chambre un morceau composé de bruits enregistrés dans cette même chambre. Enfin, de retour en Suisse, je reverrai tous les enregistrements et les archiverai pour mes futurs projets de composition et pour ma propre audiothèque.» Le Zurichois se réjouit, d’autant plus que tout cela est rendu possible par le soutien financier que lui apporte la contribution Get Going!. «Mon projet ne correspond à aucun genre existant. Ce n’est ni un album ni une tournée. Ce n’est pas non plus un atelier. Get Going! me libère dans ma créativité de toute contrainte et de tout compromis. C’est tout simplement génial!», dit-il, radieux. Et même si son voyage a dû être reporté d’un an en raison du coronavirus, le collectionneur de sonorités et bricoleur acoustique ne compte pas s’ennuyer en restant ici.
C’est en 2018 que la FONDATION SUISA a commencé à allouer ses nouvelles contributions à la création. Dans le cadre de «Get Going!», elle finance des processus créatifs et artistiques qui se situent hors des catégories usuelles. Nous consacrons chaque année une série de portraits aux bénéficiaires de ces contributions Get Going! L’appel à candidatures pour 2020 s’achèvera à la fin août.
Michel Barengo: collezionista di sound e mago del suono al di là della zona comfort
Acquisire più materiale possibile e in seguito elaborarlo: questo è il credo di Michel Barengo. Il trentasettenne di Zurigo rifiuta qualsiasi zona di comfort e segue ora il proprio impulso creativo nella scena underground giapponese grazie al contributo Get Going!. Contributo ospite di Rudolf Amstutz
I campanacci delle mucche, il belato delle capre, il cigolio delle porte, lo starnazzare delle galline, il dolce mormorio del vento tra gli alberi, le sirene della polizia o gli spruzzi d’acqua: nessun suono lascia indifferente Michel Barengo. L’instancabile collezionista di sound ha allestito una straordinaria audioteca di suoni di ogni sfumatura nel suo studio di casa. «Basta sedersi alla stazione degli autobus per dieci minuti a occhi chiusi. Ciò che accade rasenta l’incredibile», afferma raggiante l’architetto del suono con gli occhi che brillano di inequivocabile gioia.
Il trentasettenne di Zurigo non è un semplice hobbista con un debole per la musica fai-da-te, bensì uno dei protagonisti più ricercati nell’ambito della sonorizzazione di videogiochi o della creazione di scenari musicali per il teatro. Nel 2016 si è aggiudicato il premio della FONDATION SUISA per la miglior musica da videogioco. Tuttavia, tali lavori su commissione costituiscono solo parte dell’opera di questo artista dalle mille risorse che promuove la sua identità musicale con una visione molto chiara.
Gli strumenti di cui si è servito per realizzare professionalmente le sue idee creative sono impressionanti. Ha iniziato con il violino e la batteria a cinque anni e in seguito ha dato vita a diverse garage band con i suoi fratelli, suonando punk, metal e rock alternativo. Influenzato da Mr. Bungle e Fantômas, i progetti del cantante californiano Mike Patton, Barengo ha seguito il percorso dell’artista fino ad approdare inevitabilmente alla musica del sassofonista sperimentale newyorkese John Zorn. «Grand Guignol», l’album della band di Zorn Naked City, è stata probabilmente l’esperienza più incisiva nella vita del giovane Michel Barengo. Grezzo e raffinato allo stesso tempo, Zorn decostruisce e ricostruisce la musica a velocità mozzafiato, creando da innumerevoli minuscoli frammenti una nuvola di suoni inedita ed esplosiva.
«L’affinità di Zorn con l’underground giapponese mi ha portato a interessarmi sempre più alla scena experimental e grindcore di quel luogo. Band come Ground Zero, Korekyojinn o Ruins con Tatsuya Yoshida alla batteria, ma anche Otomo Yoshihide ai giradischi e alla chitarra sono stati elementi fondamentali per il mio lavoro sperimentale», spiega Barengo. È impossibile ignorare tali influenze nei suoi due progetti di band, il trio jazzcore Platypus e la band grind noise Five Pound Pocket Universe (5PPU).
Formazione professionale
La facilità con cui Barengo riesce a muoversi all’interno del suo cosmo di suoni, creando incessantemente ponti tra il suo percorso artistico e i lavori su commissione e percorrendoli agilmente a passo di danza, ha a che fare con la sua formazione professionale. Ha infatti intrapreso gli studi come batterista jazz presso la Winterthur Academy for Modern Music (WIAM) e ha conseguito un master in composizione per cinema, teatro e media presso l’Università delle arti di Zurigo (ZHdK).
L’ecletticità di Barengo è sempre alimentata dal desiderio di realizzare un’estetica tutta propria: lo si può riscontrare nei suoni opulenti, dal sapore hollywoodiano per i videogiochi, nelle grezze miniature della sua band 5PPU o negli arguti collage di campioni di Platypus. Un’estetica che rifugge qualsiasi previsione e impedisce all’ascoltatore di trovare pace, poiché dietro ogni singola nota ce ne può essere un’altra in agguato per sorprendere, mettere in discussione o rimappare ex novo il percorso precedentemente tracciato in un batter d’ali.
Un tipo irrequieto
La natura dell’opera è anche il risultato del carattere del suo creatore. «Sono un tipo irrequieto», così Barengo descrive se stesso. «Ci sono veramente tanti argomenti che mi interessano. Mi annoio però anche in fretta. Devo semplicemente provare le cose. In fondo è proprio questo che ci sprona: acquisire più materiale possibile e in seguito elaborarlo. Mi piacciono gli estremi e la varietà», dichiara e aggiunge, ridendo: «Questo probabilmente perché a 13 anni ho ascoltato ‹Grand Guignol›. Ed ecco il risultato».
Barengo si sente a suo agio solo al di fuori della zona di comfort. Anche il suo progetto Get Going! nasce dal divario tra due estremi, che lo conduce in un territorio in cui da secoli predomina un’enorme tensione creativa nella discrepanza tra tradizione e modernità. L’amore di Barengo per l’underground giapponese lo ha già portato svariate volte in questo Paese, dove ora intende cimentarsi in un’impresa divisa in tre parti. «In termini concreti, ho in mente un progetto in tre fasi che prevede due soggiorni in Giappone seguiti da una riflessione e un’ulteriore elaborazione in Svizzera», spiega. «Prima di tutto vorrei analizzare la musica tradizionale giapponese e il suo adattamento alla musica contemporanea attraverso sessioni di improvvisazione sulla scena underground di Tokyo. Successivamente incontrerò 12 musicisti giapponesi in altrettanti alberghi, incidendo con ognuno di loro un brano in una stanza, composto da suoni registrati all’interno dell’albergo stesso. Infine, aspetto però non meno importante, esaminerò in Svizzera tutto il materiale raccolto e lo archivierò per i miei futuri progetti di composizione, creando una mia sound library personale». L’artista non vede l’ora di poter realizzare tutto questo grazie al sostegno finanziario del contributo Get Going!. «Il mio progetto non rientra in alcuna categoria esistente. Non si tratta di una produzione di album né di una tournée e nemmeno di un soggiorno in atelier. Get Going! mi libera da qualsiasi vincolo e compromesso sul mio percorso creativo. È semplicemente geniale!», dichiara raggiante. Anche se il viaggio è stato rinviato di un anno a causa del coronavirus, il collezionista di sound e mago del suono non rimarrà certo a corto di idee così in fretta, pur restando in patria.
Dal 2018 la FONDATION SUISA assegna nuovi contributi alla creazione. Con il progetto «Get Going!» vengono incentivati finanziariamente processi creativi e artistici che esorbitano dalle categorie convenzionali. In una serie di ritratti, ogni anno presentiamo i beneficiari dei contributi «Get Going!». Il concorso 2020 termina a fine agosto.