En mai, la ville de Liverpool accueillera la 67e édition du Concours Eurovision de la chanson. La Suisse y participera avec le titre «Watergun». Cette chanson, qui résonnera sur la grande scène de la Liverpool Arena, a été écrite il y a deux ans, lors d’un camp de composition de chansons SUISA. Argyle Singh, membre SUISA, l’auteur-compositeur écossais Ashley Hicklin, et le producteur et auteur-compositeur polonais Mikolaj «Tribbs» Trybulec en ont écrit les paroles ainsi que la musique. C’est le gagnant de «The Voice of Switzerland», Remo Forrer, qui la chante. Ce jeune interprète de 21 ans originaire du Toggenburg est également membre SUISA depuis peu.
À l’été 2021, alors que la pandémie de Covid-19 commençait tout juste à s’atténuer, le camp de composition de chansons SUISA, organisé en collaboration avec Pele Loriano Productions, a eu lieu, après une année de pause. Dans les studios Powerplay à Maur, au bord du lac de Greifen, les membres SUISA ont rencontré des producteurs et auteurs-compositeurs renommés de Suisse et de l’étranger. Certains participantes et participants étaient présents sur place, d’autres en virtuel.
Une chanson émotionnelle avec un message fort
«Lors de ce genre de camps de composition, tu écris une chanson en une journée ; souvent avec des personnes que tu n’as jamais rencontrées auparavant. La magie peut opérer, ou au contraire, échouer», explique l’auteur-compositeur-interprète Argyle. Dans le cas de «Watergun», tout s’est déroulé à merveille: tout a commencé par un riff accrocheur au piano, des mots ont fusé et se sont rapidement assemblés en un concept de texte qui convient parfaitement à l’ambiance musicale générale.
«Watergun» parle de garçons qui jouent aux soldats. Le jeu enfantin devient sérieux lorsque les jeunes adultes commencent leur service militaire. Avec un fusil dans les mains, capable de tuer, la menace d’un conflit armé devient réelle et débouche sur une prise de conscience: «I don’t wanna be a soldier», comme le disent les paroles du refrain.
Le sujet du texte est tiré d’une expérience personnelle: «Dans la région d’Écosse dont je suis originaire, il y avait beaucoup de jeunes hommes qui s’engageaient dans l’armée, simplement pour s’éloigner de la maison et quitter des conditions difficiles», raconte Argyle, qui est arrivé en Suisse il y a huit ans et qui s’y est définitivement installé depuis 2018. Lorsque la chanson a été écrite en juillet 2021, les compositeurs n’avaient aucune idée des développements dramatiques qui allaient se produire en Europe dans les mois qui ont suivi. Aujourd’hui, le message de la chanson apparaît comme une déclaration d’autant plus forte en faveur d’une coexistence pacifique et non violente.
De Greifensee à Liverpool
Depuis le jour de sa création, la chanson a fait l’objet d’un travail intensif. La version démo, essentiellement acoustique, a été complétée par un arrangement de cordes réalisé par l’orchestrateur polonais Wojciech Kostrzewa. Les producteurs suisses Tom Oehler et Pele Loriano, tous deux membres SUISA, ont participé à son peaufinage. L’enregistrement a été mixé et masterisé en Suède.
Remo Forrer, qui vient de Hemberg dans le canton de Saint-Gall, a eu un coup de cœur pour cette chanson dès la première écoute et interprétera donc «Watergun» le mardi 9 mai, lors de la première demi-finale du Concours Eurovision de la chanson 2023 en Angleterre. Du camp de composition de chansons SUISA du lac de Greifen dans l’Oberland zurichois à Liverpool devant un million de spectateurs, le chemin a été long. De là à la finale, il n’y a qu’un petit pas.
La vidéo du making-of de la chanson «Watergun» peut également être visionnée sur la chaîne Youtube SUISA Music Stories.