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«J’ai déjà la musique en tête»
Joëlle Nager est en dernière année du programme de Master au Berklee College Of Music, après avoir obtenu ses diplômes de compositrice de musique de film et de cheffe d’orchestre à l’Université de West London.
Photo: DR
Texte de Markus Ganz, contributeur invité
Le 27 août 2023, le Festival Murten Classics présentera, pour le Jubilé des 100 ans de SUISA, quatre œuvres réalisées sur commande par une nouvelle génération de jeunes compositrices et compositeurs suisses. Parmi eux, Joëlle Nager.

Fin avril. La partition de son œuvre pour le Festival Murten Classics à peine livrée, Joëlle Nager se rend tout de suite à Budapest. La Bâloise, née en 2000, y dirige le Budapest Art Orchestra qui enregistre sa musique. En juin, elle travaillera aux Air Studios de Londres. Ces deux projets sont inscrits dans le cadre de sa dernière année de Master au Berklee College Of Music. Elle a déjà validé ses formations de compositrice de musique de film et de cheffe d’orchestre à l’University of West London. Et Joëlle Nager reçoit déjà des commandes. La bande-son subtile qu’elle a réalisée pour le court-métrage «EGO» (2022), nommée deux fois «Best Score» (FilmCon Awards et Monthly Indie Shorts), atteste de la délicatesse de ses compositions.

Un ensemble d’instruments très spécial

Joëlle Nager était très heureuse de recevoir la commande de Murten Classics, d’une part parce qu’il s’agit d’un Festival exceptionnel et, d’autre part parce que sa composition sera jouée pour la première fois dans le programme des 100 ans de SUISA. «Ce qui m’a vraiment fait plaisir, c’est de pouvoir écrire de la musique de concert, car ma formation se concentre avant tout sur la musique de film.» Elle avait déjà beaucoup aimé travailler pour des orchestres comprenant des cuivres, certains uniquement composés d’instruments à cordes, mais aussi pour d’autres ensembles d’instruments. «Ce qui est nouveau pour moi, et donc un important défi, c’est l’association du piano, de la harpe, des percussions et d’un orchestre à cordes», explique Joëlle Nager. La jeune femme considère le piano comme son instrument principal, mais elle a également appris le chant classique.

Le piano a une signification particulière pour Joëlle Nager. «Pour moi, la musique a commencé avec le piano. Et puis un jour, j’ai commencé à jouer au-delà des notes inscrites sur le papier. Donc je me suis mise à composer, en quelque sorte» (rires). Elle utilise toujours le piano comme outil de travail, «mais de plus en plus souvent, j’imagine les différentes voix d’une composition dans ma tête et j’assemble ensuite les diverses parties.» Joëlle Nager explique également qu’elle n’a pas de genre de musique ni de compositeur préféré. La musique de film étant très exigeante, elle puise son inspiration un peu partout. «Toutes les époques recèlent différentes possibilités, d’autres perspectives, y compris la musique jazz, pop et rock. C’est particulièrement important pour la musique de film, qui doit suivre l’intrigue et l’histoire».

La plus grande histoire

Lorsque Joëlle Nager entreprend une nouvelle composition, elle ne cherche pas à définir d’abord un concept ou à commencer à travailler immédiatement sur les mélodies. «C’est toujours un processus simultané. Je m’inspire aussi de mon environnement, de ce qui se passe autour de moi, de toutes ces petites histoires qui nous entourent. Et j’ai déjà la musique en tête». Cependant, elle s’imprègne d’abord de l’instrumentation. «Quels instruments puis-je utiliser, que peuvent-ils apporter, qu’est-ce qui est naturel pour eux?» Dans le cas de cette composition pour le Festival Murten Classics, elle s’est laissée guider par la prédominance des instruments à cordes, mais aussi par les percussions. Cela a généré une certaine influence mélodique et rythmique.

Avec son titre «Between Life And Death» (Entre la vie et la mort), Joëlle Nager fait référence au thème du Festival «Geschichten – Histoires». En effet, à ses yeux, la vie est la plus grande histoire que l’on puisse vivre en tant qu’être humain. «Or, cette histoire est composée de nombreux chapitres, de phases par lesquelles on passe tout au long de sa vie. C’est pourquoi ma pièce est éclectique et fait ressortir des aspects très différents». Joëlle Nager a d’ailleurs donné à sa composition le sous-titre «A Constant Struggle Between Reality, Dreams And Hope» (Une lutte permanente entre réalité, rêves et espoir). «Dans la vie, on a toujours des espoirs, des désirs, que l’on essaie de concrétiser au cours de cette histoire. La réalité vient toujours s’interposer, mais elle peut aussi aider. On se retrouve donc toujours à lutter entre ce que l’on veut, ce qui est réel, et ce qui est illusoire. Et puis, la frontière entre la vie et la mort est très mince». La composition résonne également en harmonie avec le thème: «La musique est vive et passe rapidement d’une ambiance à l’autre».

Un feedback stimulant

La «Young Composer» Joëlle Nager a été épaulée par le «Senior Composer» Daniel Schnyder, son mentor durant le processus de composition. Joëlle Nager lui a fait part de ses premières idées dès octobre 2022. Elle a ensuite créé une première version de la partition pendant les vacances d’hiver et la lui a envoyée. «Nous nous sommes appelés en vidéo pour en parler, nous avons passé en revue les pages les unes après les autres et avons cherché ce qui pouvait être amélioré. Il a fait des suggestions qui étaient très stimulantes pour moi».

Après ce premier appel, Joëlle Nager a réécrit quelques parties de sa composition et a envoyé la deuxième version de la partition à Daniel Schnyder. Ils discuteront de cette dernière à nouveau par vidéo, ce dont Joëlle Nager se réjouit déjà, car «c’est une collaboration efficace, mais aussi très agréable». Une fois la partition terminée, vient alors la question de sa transposition par l’orchestre. «J’ai bien sûr une idée de base de ce à quoi ressemblera la composition. On peut évidemment discuter des subtilités lors des répétitions, voire expérimenter sur certains passages. Je suis très ouverte de manière générale et j’aime aussi m’inspirer de l’orchestre».

www.joellenager.com

Concert pour les 100 ans de SUISA lors du Festival Murten Classics 2023

L’année dernière, le Murten Classics a demandé aux quatre jeunes talents suisses Pascal Bachmann (*2006), Joëlle Nager (*2000), Théo Rossier (*2002) et Arseniy Shkaptsov (*1993) de créer chacun une composition de huit minutes maximum pour un orchestre à cordes, un piano, une harpe et deux percussions sur le thème du Festival «Geschichten – Histoires». Ces quatre «Young Composers» ont été sélectionnés par le chef d’orchestre Christoph-Mathias Mueller, également directeur artistique de Murten Classics, et par le «Senior Composer» Daniel Schnyder. Ce dernier endosse par ailleurs le rôle de mentor et accompagne les «Young Composers» dans leur processus de composition. Né en 1961 à Zurich et installé à New York depuis 1992, ce saxophoniste et flûtiste est considéré comme l’un des compositeurs les plus polyvalents de sa génération.

Samedi 26 août à 14h00, une répétition générale publique avec des échanges aura lieu à l’Eglise allemande de Morat avec pour titre «Aus der Werkstatt geplaudert» (bavardages dans l’atelier). Les billets pour le concert du dimanche 27 août comprennent également l’accès à cette répétition publique en présence de la compositrice et des compositeurs. Le concert, qui présentera ces œuvres pour la première fois, débutera le dimanche à 20h00 dans la Cour idyllique du château. Les œuvres des Young Composers seront accompagnées du «Concerto grosso op. 6, n° 4» d’Arcangelo Corelli et du «Concerto grosso n° 1» d’Ernest Bloch. Le programme sera interprété par le Hilaris Chamber Orchestra, rejoint par Isabel Goller (harpe), Kiril Zvegintsov (piano), Jens Ruland (percussions) et João Carlos Pacheco (percussions) et dirigé par le Chef d’orchestre Christoph-Mathias Mueller.

Billets en vente à partir du 1er juin et plus d’informations sur: www.murtenclassics.ch

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