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33 1/3 tours et 33 1/3 années plus tard
La fondation pour la promotion de la musique de SUISA a fêté cette année ses 33 1/3 années.
Photo: SUISA / Manu Leuenberger
Par Urs Schnell, directeur de la FONDATION SUISA
Les pensées qui nous traversent l’esprit en écoutant de la musique sont parfois étranges. C’est ce qui m’est arrivé récemment en écoutant une fois de plus le merveilleux album «Kind of Blue» de Miles Davis. Et je me suis souvenu que cette musique était à l’origine sur vinyle, c’est-à-dire sur disque longue durée.

33 1/3 tours par minute – c’est la vitesse à laquelle tourne un disque vinyle – mais il se passe des choses incroyables dans cet intervalle de temps si précisément chronométré. «So What» – les premières lignes de basse nous entraînent déjà dans un autre monde. Le rythme qui s’élève par la suite libère les pensées, et celles-ci commencent souvent à des instants précis pourtant insoupçonnés. Je dois avouer que si nous n’avions pas mis en ligne un site Internet révisé comprenant un nouveau portail de recherche, je ne me serais pas penché aussi intensément sur l’histoire de la Fondation. Et je n’aurais sans doute pas découvert que 33 1/3 ne représente pas seulement la vitesse de rotation d’un disque longue durée, mais signifie également que la FONDATION SUISA a fêté cette année ses 33 1/3 années – un tiers de siècle.

À l’instar de Miles Davis et John Coltrane qui, par la suite, ont allègrement jonglé avec les intervalles de temps dans des morceaux comme «Freddie Freeloader», «Blue in Green» et «All Blues», reliant hier et aujourd’hui pour esquisser un nouveau lendemain, j’ai improvisé mentalement à travers le passé, le présent et le futur de notre fondation.

Le tourne-disque – qui était encore l’un des principaux protagonistes lors de la création de la Fondation – a rapidement disparu. Via le Compact Disc, le support physique s’est rapidement effacé devant l’essor de l’espace virtuel et, avec la perte de l’haptique, l’industrie musicale s’est vue totalement déstabilisée. Un gigantesque changement, surtout pour ceux qui vivent de la musique. Mais aussi pour ceux qui soutiennent la création musicale actuelle.

33 1/3 ans au service des créateurs de musique

Sous les notes fugaces et mélancoliques de la trompette de Miles, j’ai pensé aux milliers de requêtes examinées au cours de ces 33 1/3 années, aux innombrables heures passées dans les salons étrangers pour promouvoir la musique suisse. Et surtout, j’ai pensé aux nombreuses personnes – que ce soit au sein du Conseil de fondation, des jurys ou des bureaux – qui font preuve d’un engagement presque incroyable depuis la création de la Fondation en 1989, non seulement pour continuer à faire tourner la machine, mais aussi pour la maintenir constamment sur les rails malgré des changements parfois décisifs.

Pour les lecteurs et lectrices de ces lignes esquissées à la va-vite, si un «Get Going!» s’échappe de ma bouche au son du saxophone de John Coltrane, la transition va sembler de piètre qualité. Mais «Kind of Blue», avec ses moments magiques, rappelle l’humilité que la musique peut susciter chez l’auditeur. Et de rappeler que l’énergie et le temps que nous consacrons à nos programmes de financement sont toujours au service des musiciens/nes.

Car il s’agit d’eux. Et uniquement d’eux.

Soutenir l’élan créatif de la scène musicale suisse

Que les structures économiques s’effondrent pour faire place à de nouvelles réalités ou que les conditions formelles changent au point que les musiciens et musiciennes doivent se «réinventer», notre tâche consiste à nous adapter en permanence pour pouvoir suivre le rythme de l’élan créatif. Car la créativité de la scène musicale suisse est intacte. La contribution financière «Get Going!» est l’un de nos projets les plus récents qui, au-delà de toute condition, loin des définitions de genre et des étiquettes stylistiques, permet aux créateurs de musique d’être libres de s’épanouir comme bon leur semble.

La bonne musique existera toujours. Et la bonne musique nous survivra – voyez «Kind of Blue». Oui, et même le vinyle fait un retour fracassant. 33 1/3 tours par minute, ce n’est pas si mal comme déclaration anachronique envers les bits et les octets. Associés à de la bonne musique, ils servent – comme c’est prouvé ici – de stimulants pour les joutes intellectuelles. Ai-je déjà mentionné qu’en 1959, lorsque «Kind of Blue» a été enregistré, Miles Davis et John Coltrane avaient tous deux 33 ans?

Dans cet esprit … stay turnin’.
Urs Schnell, directeur de la FONDATION SUISA

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